- inexpiable
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• v. 1500; lat. inexpiabilis1 ♦ Qui ne peut être expié. Crime, faute, forfait inexpiable.2 ♦ Littér. Que rien ne peut apaiser, faire cesser. Lutte inexpiable, sans merci. ⇒ impitoyable, implacable. « engagés dans des controverses inexpiables » (Caillois).⊗ CONTR. Expiable.inexpiableadj.d1./d Qui ne peut être expié. Crime inexpiable.d2./d Que rien n'apaise. Haine inexpiable.⇒INEXPIABLE, adj.A. Qui ne peut être expié. Faute, forfait inexpiable. Un des rares crimes inexpiables qu'un homme doué de quelque intelligence puisse commettre (BRETON, Manif. Surréal., 2e Manif., 1930, p. 172) :• ... la France offrira des journées de sagesse, plutôt que des journées de gloire, en expiation de quelques journées d'inexpiables horreurs, et si ces crimes inouis n'ont pu être effacés par le supplice de leurs auteurs, que peuvent-ils avoir de commun avec la mort honorable de nos guerriers?BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 225.— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. La folle de n'avoir pas compris qu'elle commettait l'inexpiable (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 116).B. — P. ext. Que rien ne peut apaiser, effacer ou faire cesser. Combat inexpiable. Cette guerre était le commencement des guerres inexpiables où la vieille Europe viendrait tant de fois s'engloutir pour de nouvelles métamorphoses (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 151). Il se sentait vaguement non plus témoin, mais sujet passif d'on ne sait quelle cruelle et double expérience, enjeu d'une lutte inexpiable (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 375).— HIST. Guerre inexpiable. Guerre menée par Carthage contre ses mercenaires révoltés. Quant à la foi et l'humanité de Carthage, elles étaient célèbres dans le monde, et la guerre inexpiable venait de les faire mieux connaître encore (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 215).— [En parlant d'un sentiment] Rancune inexpiable. Et cette horrible pensée et ce remords inexpiable que, sans moi, son cher enfant ne serait peut-être pas mort (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 152). Ces sortes d'amitiés (...) finissent par tourner à la haine la plus obsédante, la plus inexpiable (ABELLIO, Pacifique, 1946, p. 33).REM. 1. Inexpiatoire, adj., hapax. Le précepteur infernal m'a expliqué la triple division de la peine inexpiatoire (CLAUDEL, Repos 7e jour, II, 1901, p. 837). 2. Inexpiablement, adv. De façon inexpiable. Il déclarait la guerre, lui aussi, inexpiablement (LA VARENDE, Centaure de Dieu, 1938, p. 210).Prononc. et Orth. : [
], [-ne-]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. Début du XVIe s. « qui ne peut être expié » (FOSSETIER, Chronique margaritique, ms. Brux. 10511, V, VI ds GDF. Compl.); 2. 1831 guerre inexpiable « que rien ne peut apaiser, faire cesser » (MICHELET, loc. cit.). Empr. au lat. inexpiabilis « qui ne peut être expié; implacable ». Fréq. abs. littér. : 59.
inexpiable [inɛkspjabl] adj.ÉTYM. V. 1500; lat. inexpiabilis, mêmes sens, de in- (→ 1. In-), expiare (→ Expier), et suff. -bilis (→ -able). → aussi Expiable.❖1 Qui ne peut être expié. || Crime, faute, forfait inexpiable, extrêmement grave. — N. m. || Commettre l'inexpiable.1 L'idée que ce crime innombrable de la traite et de l'esclavage, sur lequel est fondée la prospérité américaine, l'idée que ce crime demeure inexpiable et qu'il ouvre dans le flanc du bonheur américain une plaie incurable (…)G. Duhamel, Scènes de la vie future, XI.2 Ses prêtres désespèrent de les convertir ou de les effacer. La souillure contractée paraît inexpiable, c'est-à-dire, en restituant au mot sa valeur étymologique, qu'aucun rite de purification ne pourra débarrasser le coupable de l'élément énergétique dont il s'est chargé en commettant l'acte interdit.Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 56.2 Hist. (attesté 1831, Michelet, in T. L. F.). || Guerre inexpiable : révolte des mercenaires de Carthage.♦ Par ext. Que rien ne peut apaiser, faire cesser. || Guerre, lutte inexpiable qui se poursuit jusqu'à l'écrasement (cit. 3) du vaincu. || Honte (cit. 8) inexpiable.❖CONTR. Expiable.DÉR. Inexpiablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.